Alors que la transition énergétique marque une étape cruciale dans le secteur automobile, les voitures à hydrogène apparaissent comme une alternative prometteuse aux véhicules électriques classiques. Pourtant, leur essor en 2025 reste fragile, partagé entre des avancées technologiques encourageantes et des obstacles économiques et infrastructurels majeurs. Hyundai, Toyota, BMW ou encore Mercedes-Benz explorent des pistes innovantes, tandis que des entreprises comme Air Liquide et Hyzon Motors s’efforcent de développer une filière hydrogène compétitive.
Les tendances commerciales des voitures à hydrogène face à la concurrence électrique
En 2025, le marché des voitures à hydrogène connaît un recul préoccupant. Avec seulement 4 102 unités vendues dans le monde, le secteur subit une baisse de plus de 27 % par rapport à l’année précédente. Ce recul touche tous les principaux marchés, y compris la Chine, qui jouait pourtant un rôle moteur dans cette technologie. Cette diminution reflète une perte de confiance grandissante chez les consommateurs, qui se tournent de plus en plus vers les véhicules électriques traditionnels à batterie. En effet, ces derniers bénéficient d’infrastructures de recharge plus développées et d’un coût d’acquisition souvent inférieur.
Hyundai, pionnier avec son SUV Nexo, reste le leader du segment, mais ses ventes ont chuté de près de 32 %. Malgré le lancement d’une nouvelle génération en avril, la demande ne retrouve pas son dynamisme antérieur. Toyota, autre acteur majeur avec la Mirai, voit une baisse encore plus nette de ses immatriculations, proches de 50 %. Cette situation amène le constructeur japonais à exprimer des doutes sur la viabilité à long terme de la pile à combustible pour voitures particulières.
En Europe, les ventes sont également en contraction, avec une baisse d’environ 20 %. Seulement 485 véhicules à hydrogène ont été immatriculés, soulignant le scepticisme qui règne sur le vieux continent. La société parisienne Hype, spécialisée dans le taxi à hydrogène, a récemment abandonné ce carburant au profit du 100 % électrique, illustrant la difficulté à maintenir des flottes fonctionnelles avec cette technologie. BMW propose un positionnement différent avec son iX5 Hydrogen, mais même le constructeur allemand reste prudent en raison des infrastructures limitées.
La conjoncture actuelle invite donc à examiner les causes de ce décrochage commercial, et surtout à identifier les leviers qui pourraient permettre à l’hydrogène de retrouver son équilibre sur un marché de plus en plus concurrentiel, dominé par l’électrique à batterie. Il apparaît clair que l’hydrogène continue de susciter un intérêt technologique, mais peine à convaincre les acheteurs privés, faute de solutions pratiques et économiques assez attractives.
Les obstacles économiques et techniques freinant la démocratisation des véhicules à hydrogène
Le potentiel écologique et technologique des voitures à hydrogène est évident. Cependant, plusieurs barrières freinent encore leur adoption massive. Le premier frein majeur vient du coût de production de l’hydrogène vert, estimé à environ 50 kWh d’électricité pour produire un kilogramme d’hydrogène, ce qui en fait une ressource énergétiquement et économiquement coûteuse. En l’absence d’un recours massif aux énergies renouvelables, la durabilité environnementale de la filière reste remise en question.
Le prix d’achat des véhicules à hydrogène constitue par ailleurs un autre obstacle significatif. La majorité des modèles disponibles dépassent systématiquement les 70 000 euros, ce qui restreint leur accès à une clientèle restreinte, généralement composée d’entreprises ou d’initiés du secteur. Hyundai Nexo ou Toyota Mirai incarnent bien cette réalité : une technologie encore confidentielle et coûteuse.
Cette considération économique s’accompagne de difficultés techniques. L’autonomie proposée, bien que correcte autour de 700 km pour certains modèles , ne suffit pas toujours à convaincre. En effet, l’absence d’un réseau de stations de distribution développé pénalise la praticité de ces véhicules, en particulier en Europe et en Espagne notamment. Ces infrastructures restent insuffisantes, voire inexistantes dans plusieurs régions, alors que la recharge électrique domestique ou sur le réseau s’intègre plus aisément au quotidien.
En outre, l’hydrogène véhicule un certain nombre de controverses environnementales. Les fuites de ce gaz, même minimes, ont un impact indirect sur le réchauffement climatique. Cette réalité nuit à l’image écologique que les constructeurs essaient de promouvoir et renforce les critiques concernant la pertinence de cette énergie pour une mobilité véritablement propre. De plus, la production majoritairement issue de ressources fossiles comme le vaporeformage reste encore difficile à surmonter.
Face à ces défis, la filière cherche des solutions pour renforcer sa compétitivité. L’alliance stratégique entre BMW et Toyota en est une illustration : elles visent à mutualiser les coûts et à améliorer les technologies, notamment pour rendre les piles à combustible plus accessibles. Pourtant, ces efforts ne suffisent pas encore à répondre aux attentes du marché, et la question de la viabilité commerciale reste prégnante.
L’hydrogène vert : clé potentielle pour une mobilité durable et décarbonée
L’hydrogène vert représente une promesse majeure pour l’avenir de la mobilité propre. Obtenu exclusivement par électrolyse de l’eau grâce à des sources d’énergie renouvelables, il élimine les émissions carbones associées aux modes de production traditionnels. Ce carburant énergétique ne produit que de la vapeur d’eau lorsqu’il est utilisé dans une pile à combustible, évitant ainsi les rejets de gaz à effet de serre.
Plusieurs acteurs majeurs tels que Renault, Hyundai, Honda ou Mercedes-Benz ont intégré l’hydrogène vert dans leurs stratégies. Ces constructeurs développent des solutions innovantes, mêlant pile à combustible et motorisation hybride, pour compléter l’offre électrique. Par exemple, Kia étudie des véhicules qui combinent hydrogène et batteries, cherchant à optimiser range et temps de recharge.
Les grandes entreprises d’infrastructure et technologie énergétique, comme Air Liquide, sont également moteur dans cette transition. Leur expertise permet d’envisager des chaînes logistiques de production, stockage et distribution plus efficientes, indispensables pour un déploiement viable à grande échelle.
Dans ce cadre, l’Espagne commence à se positionner grâce à des projets pionniers. À Saragosse, l’initiative Ecoasis intègre la production d’hydrogène vert via l’énergie solaire couplée à des stations de recharge autonomes, évitant la dépendance au réseau électrique classique. Ce type d’écosystème pourrait transformer les zones moins urbanisées en terrains favorables au développement de l’hydrogène.
Au-delà des voitures particulières, l’hydrogène vert est aussi une piste d’avenir pour les transports lourds et même le sport automobile. L’innovation sur ce segment bénéficie de progrès techniques transférables, comme le démontrent des constructeurs comme PSA Peugeot Citroën et Hyzon Motors, très actifs sur les camions à pile à combustible. Ces secteurs pourraient servir de laboratoire expérimental et de levier économique complémentaire pour accélérer l’adoption de l’hydrogène.